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Maidinbeirut




This blog is dedicated to women from Sri lanka and Ethiopia working as domestic workers in Beirut, Lebano
n. These women take upon themselves great voyages to foreign countries in the hope of a better future. Their courage and endurance is outstanding.

As time passes, the issues covered in this blog have expanded to cover other kinds of specific women's work like sex work, historical ways of describing the plight of women: white slavery, human traffic or modern slavery as well identitarian politics and gender...

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6 janvier 2007 6 06 /01 /janvier /2007 01:48

Entretien avec une assistante sociale du conseil libanais contre les violences faites aux femmes

Au Liban, la question des violences faites aux femmes n’est pas au cœur des préoccupations politiques ou sociales. Les événements qu’a traversé le pays depuis l’assasinat de l’ex-premier ministre Rafic Hariri, plongent la vie politique et sociale dans une crise éprouvante.

Alors les violences des femmes pourront bien attendre.

De toute façon elles ne sont que très peu visibles, dans la mesure où la majorité des violences subies par les femmes sont des violences domestiques et conjugales. A l’abri des regards et dans la sphère privée du foyer, les mains se délient. La société libanaise est de plus, très marquée par le respect des apparences sociales. La bourgeoisie cache soigneusement ses tâches et salissures.

C’est ce que me confirme une assistante sociale au sein du Conseil libanais contre les violences faites aux femmes. C’est dans ce petit bureau situé au cœur de Beyrouth, que sont accueillies quotidiennement des femmes victimes de violences.

Selon une étude menée sur 30 cas, la majorité des femmes sont mariées et issues de classe moyennes à défavorisées. Les femmes issues de famille plus aisées n’osent pas révéler des faits « honteux ». Les violences rapportées sont des violences physiques, verbales mais aussi financières. La menace de se retrouver sans aucune ressource contraint la plupart des femmes à accepter toutes les formes de violences.

Peu de femmes rendent compte de viols, très probablement en raison des taboos qui entourent cette question et des réticences qu’ont les femmes de parler de leur sexualité. Le centre est essentiellement un lieu d’écoute « strictement réservé aux femmes, car c’est le seul lieu où elles ne subiront aucune pression ». Certaines femmes pensent que leur mari possède le droit de les battre. Dans les cas où les femmes souhaitent engager des procédures, le centre propose les soins d’avocats bénévoles mais aussi de psychologues et de médecins légistes. Régulièrement le centre organise des campagnes d’information et participe à des conférences sur les droits des femmes. 

Toutefois l’influence et l’action du centre sont très limitées et ce pour une raison essentielle : « Le problème c’est la loi ».

Au Liban, il n’existe pas de marriage civil. Les relations entre maris et femmes ne sont régis que par les codes religieux des différentes confessions. Les lois religieuses sont fondamentalement inégalitaires envers les femmes, qui se voient par exemple privées d’office du droit de garde de leur enfants (avec des variations d’âge selon les religions). Le mari a par ailleurs le droit, selon la loi, de « récupérer » sa femme si elle s’est réfugiée dans un centre d’hébergement. Les avocats et bénévoles sont donc régulièrement confrontés à une impasse dans la mesure où les lois sont contre eux. L’Etat ne subventionne d’aucune façon ces actions. Les fonds sont essentiellement privés et proviennent de donateurs particuliers.

Les lois ne sont donc pas les mêmes pour toutes et il est difficile de mener une action commune à toutes les femmes et de développer chez elles une conscience commune de leurs difficultés. De même, la plupart des associations de défense des droits de la femmes ne s’occupent pas ou très peu des violences subies par les femmes étrangères. Au Liban, comme dans tout le Moyen-Orient, des milliers de femmes venues d’Asie et d’Afrique travaillent comme domestique. Recluses dans les cuisines des appartements, privées de leurs passeport et non couvertes par le code du travail, elles subissent la plupart du temps des violences allant de l’insulte au meurtre. Ces violences sont dans la majorité des cas perpétrées par des femmes.

Il semble donc indispensable de lier l’étude de ces violences et de mener une action globale au niveau de la société pour que les violences perpétrées contre toutes les femmes, libanaises ou étrangères, cessent enfin et pour que ce combat soit celui de tous.

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